dimanche 24 mai 2009

VII

Ça fait trois jours que Nicolas ne dort pas, il réfléchit, il trouve des alternatives à son métier actuel, il fait des listes des pours, des listes des contres, il analyse ce qu'il aime, il détermine ses buts dans la vie... Des fois, il sort même sa calculatrice.

-Écoute, ma belle. Je ne peux pas lâcher la musique, j'ai fait trop de sacrifices pour elle pour que je la sacrifie. MAIS, j'ai trouvé la solution:

  • Premièrement, il est impératif que je finisse mon contrat en cours, mais je n'en prends plus d'autres, à moins que ce ne soit pas trop gros.
  • Deuxièmement, je postule pour devenir professeur dans une école de musique, puis une école secondaire, et en dernier recours à une école primaire.
  • Troisièmement, je pratique fort tous les jours, mais pas les soirs et les fin de semaines, pour réussir mon audition de l'année prochaine. Ça veut donc dire que je n'aurai pas d'emploi d'ici la fin de l'année scolaire, mais je crois que l'on survivra avec ton salaire pour cette courte période.
    Maintenant, je veux dormir.

-Je t'aime.

-Hum... moi aussi je m'aime...

-....

-Là, j'ai droit à une récompense?

-Les enfants dorment...

samedi 23 mai 2009

VI

-Il va falloir en finir un jour de cette histoire, Mon Cher.

-Alors parle!

-Écoute, je t'en veux...

-De?

-De ne pas être présent tout le temps pour les enfants.

-Mais tu as vu comment ils se sont amusés avec moi ce matin? J'étais quand même assez présent, ces spots humides le confirment...

-Mais peut-être que tu pourrais te forcer un peu pour être là plus souvent, pour aller voir ton fils patiner, écouter ta fille jouer du piano, m'aider dans tout ça aussi!

-Je ne peux pas, je dois jouer... L'année prochaine ce sera mieux, tu le sais.

-Je sais, mais rien ne peut garantir que tu auras ce poste permanant, tu sais aussi bien que moi, même mieux, qu'une audition n'est jamais gagnée à l'avance.

-Je sais, je sais... Mais je dis qu'on verra l'année prochaine. Pour l'instant...

-Non! C'est maintenant qu'il faut faire quelque chose, les enfants ne peuvent pas attendre, c'est maintenant que leur manque a des conséquences pour leur avenir! Ils t'aiment beaucoup et ils ne te voient pas.

-...

-Et moi aussi j'ai besoin de te voir, moi aussi je t'aime.

-Alors si c'est pour toi et les enfants je...

-Ne fais pas de promesse en l'air. Réfléchis et reviens m'en plus tard. Une chose est sûre, ça ne peut pas durer comme ça.

vendredi 22 mai 2009

V

Les enfants étaient très contents de le voir, moi aussi il faut dire.  Son sourire rayonne à chaque fois qu'il voit Rose et Arthur.  Il les aime beaucoup.  Je sais très bien qu'il désirerait passer plus de temps avec eux, mais il n'a pas encore un poste permanent, alors il doit travailler très fort pour son audition qui le lui donnera.  Il m'a promis que l'an prochain, il occuperait la place du premier flûtiste dans l'OSM ; la place c'y libère, l'autre flûtiste prend sa retraite.  Présentement, il est soliste invité.  Il joue et son accompagnateur, c'est l'orchestre.  C'est assez phénoménal et grandiose, je trouve, mais c'est à contrats...

Ils pourraient jouer des heures ensemble.  Ça m'essouffle juste à les voir courir d'un bord à l'autre de la cour, où j'ai grandit d'ailleurs.  Nicolas est comme un grand enfant, il ne vieillira jamais.  C'est pour ça qu'il s'entend si bien avec les enfants, il a autant d'imagination qu'eux.  Il est comme Peter Pan, mais avec deux trois cheveux gris.  Il emmène les enfants au pays des rêves.

-C'est l'heure de dîner!
-Pas déjà? dit Arthur avec lassitude.
-Allez Arthur, ça va refroidir!
-Laisse moi conclure l'histoire, au moins!
-Tu le feras assis à table!  Viens manger, Mon Cher.
-Oui maman... dit Nicolas sur le même ton qu'Arthur


jeudi 21 mai 2009

IV

Il est pourtant un lève-tôt, pourquoi ne m'a-t-il pas appelée?  Je pense que j'ai oublié de lui dire que j'étais ici...

-Maman, pourquoi papa il est pas là, il ne voulait pas venir?
Allez, réfléchis vite!
-Bien sûr qu'il voulait venir, mon petit Arthur, mais il est en punition
-Papa pa'ti?
-Mais non ma belle, il est à la maison!
-Pou'quoi papa pa'ti longtemps?
-Tu sais bien Rose, il devait aller jouer de la flûte loin, loin, loin, en France.  Il a même pris l'avion.
-Qu'est-ce qu'il a fait, papa?
-Il n'a pas été sage, mon amour, il m'a fait de la peine.
-Mais papa pa'ti enco'?
-Mais non, ma chouette, il est à la maison, je te l'ai dit.
-Maman, vous vous êtes chicanés fort?
-Non non.
-Papa tout t'iste?
-Je ne pense pas.  Il va venir tout à l'heure.

Il fallait bien que je close la discussion, ils se font trop de remord pour leur père! Ça fait quand même trois semaines qu'ils ne l'ont pas vu.  Je sais qu'Arthur n'aime pas beaucoup quand Nicolas pratique, il sait bien que s'il joue de nouvelles pièces, ça veut dire qu'il jouera bientôt devant public, donc qu'il sera parti plusieurs soirs pour ses concerts.  En plus, quand il pratique, il doit se concentrer sur sa musique et n'a pas le temps de s'occuper de son garçon.

Rose, elle, aime bien entendre son père jouer.  Elle peut rester assise là des heures à contempler la beauté de la flûte dorée d'où émergent de si jolis sons.  Je crois qu'elle aussi sera attirée par la musique plus tard.  D'ailleurs, Mon Cher tente de lui apprendre les rudiments du piano.  Il dit que le piano est un très bon départ, il est facile d'émettre un son, ça développe bien la motricité des doigts, ça forme une bonne oreille, on ne peut pas fausser, et c'est moins dommageable pour l'ouïe du public que le violon par exemple.  Elle pourra ensuite choisir un autre instrument si elle le désire.

Arthur, lui, aime beaucoup plus bouger qu'écouter.  Nicolas lui a évidemment proposé de faire du patinage de vitesse, c'est un sport qu'il pratiquait plus jeune.  Il m'a dit qu'il a eu beaucoup de mal à accrocher ses patins. Une chance que ma classe de maternelle ne me demande pas trop de correction, car naturellement, c'est moi qui supervise tout ce qui ce passe chez les enfants.  
Nicolas est le rêve et moi la réalité.

mercredi 20 mai 2009

III

Il se fait tard et il n'est toujours pas là. On s'était dis 6h et il est bientôt 9h... j'ai l'air d'une belle tarte assise ici, toute seule ; les bougies ont même eut le temps de se consumer... Pourquoi est-il toujours en retard? Là c'en est trop, j'appelle ma mère pour lui dire que je vais chercher les enfants. Ils seront déçus de ne pas dormir là, mais je leur dirai que je m'ennuyais trop d'eux. Non, je ne ferai tout de même pas ça, ce n'est pas de leur faute, mais celle de leur père... Je peux toujours aller coucher là-bas, Mon Cher sera surpris de ne pas me voir à la maison! En plus c'est lui qui voulait... Bref!

-Excuse moi, ma belle...
-Trop tard, j'ai déjà mon manteau sur le dos!
-...
-Quoi?!
-T'es tellement... magnifique...
-Essaye pas, tu m'auras pas cette fois! J'ai décidé que c'en était trop!
-C'est pas de ma faute, le chef nous a retenu ; le concert, c'est dans trois jours!
-Et moi, c'est ce soir que tu me perds!
-Calme-toi, la colère ça te fait des rides.
-Je m'en vais chez ma mère, à demain.
-...
-Oh, il reste des viandes froides au frigo.

Ça me fait mal de lui faire ça, mais il faut qu'il comprenne que nous, sa famille, sommes aussi importants, sinon plus, que son travail.

Oh, il avait l'air tellement désolé... Non, non, non, je vais chez ma mère!

mardi 19 mai 2009

II

Ah, que j'aime ce son ; on peut s'imaginer une muse chanter. Il fait toujours son travail routinier le matin, pour en avoir fini. Il n'aime pas pratiquer ses gammes, mais c'est une tâche à réitérer tous les jours ; "on n'en vient jamais à bout", comme il dit souvent. J'entame à peine mon réveil qu'il est déjà depuis de bonne minutes à sa musique. Avoir su plus tôt dans ma vie qu'on pouvait maîtriser le Beau aussi bien, j'aurais sûrement persévéré dans le dessin ou dans l'écriture. Je ne peux pas dire pour autant que je suis malheureuse, j'ai deux beaux enfants, j'adore l'enseignement, j'aime ma classe, mon amour est un musicien convoité...

Bon, la douzième tonalité est achevée, il va venir me lever du lit.

-Mmmm, mon son est beau ce matin
-J'ai remarqué
-Ça doit être à cause des exercices que j'ai fait pour mon concert d'hier...
-Sûrement
-Wooohhw, c'est ça qui me manquait...
-Quoi donc?
-Ta splendeur matinale, ça te fait bien les joues rouges
-Tetteux, qu'est-ce que tu veux?
-Pas grand chose...
-Mais encore?
-Hum.... Oserais-je?.... Oui, ÇA!

Qu'est-ce que j'aime ça quand il m'embrasse, c'est comme si une bulle chaude venait nous envelopper pour nous porter ailleurs...

-Heille, heille, dis-je en murmurant, je m'excuse monsieur, mais les enfants sont à veille de se réveiller, alors...
-Hum... ouais mais là, j'ai été super bon de tenir sans, je me suis même pas payé d'escorte! j'ai tout de même droit à une petite récompense, non?
-Non.

lundi 18 mai 2009

I

Ça fait tellement longtemps que j'attends son retour! Il me racontera son voyage, pendant notre souper en tête à tête, les enfants seront au lit.
Puis, il me portera jusque sur notre lit, il me susurrera des mots doux à l'oreille, il m'embrassera tendrement, je lui dirai que je l'aime, il me serrera dans ses bras et m'embrassera plus fermement, passionnément, il retirera mes vêtements et... Oh, le voilà justement!

-C'était bien tes concerts à Paris?
-Ouais.
-Tu ne viens pas souper?
-Bof... Je suis mort de fatigue, je vais me coucher.
-Ok, on se parlera demain alors!...
-...

Bon, je le comprends, mais il ne m'a même pas dit que je lui ai manqué.
Il avait l'air tellement fatigué! Ça ira mieux demain.

Défi

J'ai décidé de moi aussi faire parti du défi!
Mais je na sais pas si je devrais écrire sur ma vie ou sur quelque chose que j'ai inventer...

Je pense que je vais allier les deux!

Une charogne

Voici un poème de Baudelaire que j'affectione particulièrement 

XXIX - Une Charogne

Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux:
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague
Ou s'élançait en pétillant
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché, 
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.

- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection, 
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion!

Oui! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Apres les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés!

dimanche 17 mai 2009

Mea culpa

Oops...  Elle est vraiment malade....

Mais je suis toujours contre l'utilisation abusive de pilules!

Pilules

Une petite soeur, tout à l'heure, s'est plaint d'un mal de coeur.
-Est-ce que ça existe des tilénols ou des aspirines contre le mal de coeur?  (tout en abaissant l'amplitude de sa voix, à son habitude)

-Quoi? (ma mère est tannée qu'elle s'exprime ainsi)

-EST-CE QUE. ÇA. EXISTE. DES TILÉNOLS. OU DES ASPIRINES. OU DES PILULES. CONTRE LE MAL DE COEUR? On en a tu? (elle a démesurément mal prononcé la deuxième question de la réplique pour créer un contraste avec la première, ou pour démontrer l'importance qu'elle accorde à la communication efficace)

-Non (s'exclama mon père de son bureau pour répondre à la première question)

-On en a pas (dit ma mère pour répondre à la deuxième question)

-Â-â-ââââââ, ben je vais me coucher d'abord! (avec son enthousiasme habituel)

-C'est ça, va te coucher (du bureau toujours, avec plein de compassion)

-Ben, tu peux prendre du Seven Up (ma mère a toujours écouté ma grande-tante religieusement)


Tout ça pour dire que je suis contre l'usage abusif de pilules qui soulagent un petit mal.  
À cause de cela, certains utilisent des pilules pour tout!  Bientôt, on pourra avoir un repas complet en pilules!  Et après on se plaint de ne pas vivre assez?  
Bien sûr, les analgésiques peuvent être utilisées si on vient de subir une opération et que notre jambe amputée nous fait encore mal, ou si on vient de se faire frappé par la foudre et que nos brûlures chauffent un peu... 
Mais à part ça, ne prenez pas de pilules!  Vous deviendrez peut-être immunisés contre l'effet de celles-ci!  Ah, nous vivons dans une société qui prône l'aisance et la facilité!  Le maintenant!

samedi 16 mai 2009

L'astronaute

Imaginez un instant un silence absolu,
Périodiquement, un souffle, et devant vos yeux,
Un lever de soleil derrière une Terre nue,
Sphère bleue.

Imaginez entendre le noir galactique,
Percé de grains de sel scintillants.
Admirez les astres du jour et de la nuit simultanément,
Bercés par l'immensité du paysage orgasmique.

Imaginez l'ultime liberté,
Légèrement léviter,
Faire enfin partie de la beauté,
L'enveloppe corporelle, dans l'infini, dissolvée.


vendredi 15 mai 2009

Question

Qu'est-ce qui est plus minuscule et fragile qu'un neveu blond de presque deux ans?




Un deuxième neveu brun né le lendemain de son anniversaire!

mardi 12 mai 2009

Une journée spéciale

Aujourd'hui, une pièce particulière m'était personnellement offerte et jouée par un combo formé de professeurs de musique : aux percussions, l'homme aux caractère et cheveux de feu ; à la basse, un homme au chandail rouge, discret mais présent; au piano, un calvicien aux cheveux longs recroquevillé sur son clavier ; à la guitare, l'incroyable, mais vrai, Saint-Villiz ; à la trompette, un homme frisé et cerné tout le tour des yeux ; au trombone, un anglophone à trois lulus ; au sax ténor et à la flûte, le virtuose incomparable dont les phrases musicales s'envolaient, soulevées par des flots de notes.

Je les remercie du plus profond de mon âme de musicien, c'était le plus beau cadeau d'anniversaire que l'on puisse recevoir. Ceci ne se produit qu'une fois dans une vie, ma pas dans toutes!

mardi 5 mai 2009

Stéréotype

Vous connaîssez sûrement le stéréotype du flûtiste gay?

J'ai le malheur de vous apprendre qu'il est à moitié fondé...

En effet, 3 flûtistes masculins sur 6 sont gays (statistiques recueillies du conservatoire)

et 8 flûtistes sur 11 aiment les hommes,

il y a donc un flûtiste hétéro pour 5/3 (1,666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666...) flûtistes femmes hétéros et un flûtiste gay pour deux autres

Les flûtistes gays ont donc plus de chance de trouver l'âme soeur chez un confrère flûtiste qu'un flûtiste hétéro chez une consoeur flûtiste....

heureusement, il n'y a pas que des flûtes dans un orchestre symphonique!

vendredi 1 mai 2009

Palais de justice

Qu'est-ce qui est pire 
que d'être une petite fille
de moins d'un an,

qui a une mère crackette
qui s'est fait une pipe avec son biberon

dont le chum (qui n'est pas le père)
a massacré quelqu'un (un vendeur de drogues)
à coups de marteau,
a couper le corps,
a emballé les morceaux dans des sacs de plastique,
et a laissé la mère transporter les sacs à l'auto
pour ensuite la regarder nettoyer l'appartement?







savoir que c'est une histoire vrai
qui s'est déroulée dans un appartement
dans les 5800 de la 8e avenue
dans Rosemont








et savoir
que cette petite fille
vivra une vie merdique